Pendant plusieurs semaines, toute la communauté lycéenne pourra découvrir le travail personnel d’Alan Aubry qui présente deux séries de photographies dans deux lieux passagers du lycée : le réfectoire et l’une des avancées de verre dans la cours (salle 105 bis).
Le vernissage a lieu jeudi 19 janvier à 17h30.
F-Hellard
Alan Aubry nous explique les deux séries de photographies :
Orania Afrikanertuiste
(Orania, patrie des Afrikaners)
Dans un pays dont une majorité de la population Afrikaner ne pouvait concevoir la coexistence de différentes cultures sur un unique territoire, la fin inéluctable de l’Apartheid était pour ce « peuple élu » une nouvelle apocalypse.
En vue des négociations entre le Parti National au pouvoir et les partis d’opposition pour négocier la fin de l’Apartheid, quelques politiciens et militants de la cause Afrikaner souhaitent obtenir la création une province blanche, un « Volkstaat », une solution de repli dans ce système qu’ils savaient voué à disparaitre. Puisqu’il n’était plus politiquement concevable de déplacer arbitrairement un grand nombre de personnes noires, indiennes, ou de couleur en créant une province englobant de grands centres urbains, c’est pour la campagne que le projet de province blanche fut conçu.
Mais cette idée fut rejetée.
Toutefois, une petite partie de ces idéologues Afrikaners avaient d’ores et déjà acheté des terres au Département des Eaux, pour y fonder une ville privée réservée aux Boers, ces Sud-Africains blancs descendants des « pionniers » du grand trek.
Une enclave avec l’intention de permettre à la communauté Afrikaner de vivre séparément et de manière indépendante vis-à- vis des autres personnes partageant le même territoire.
Située au cœur du pays, sur les rives de l’Orange River, cette ville, nommée Orania voit des familles s’y établier à partir de 1991. Orania compterait aujourd’hui 700 habitants et s’étendrait sur quelque 8000 hectares de terre principalement agricole.
De nombreux habitants y sont venus pour des raisons idéologiques, certaines pour trouver du travail, d’autres pour y trouver une forme de sécurité.
Dans cette campagne sud-africaine faiblement peuplée est né un étrange projet à la fois tourné vers le passé en appliquant les mêmes méthodes de séparations des individus, mais aussi tentant de se tourner vers l’avenir en cherchant l’autosuffisance alimentaire et économique, Orania possèdant sa propre monnaie.
Certains nostalgiques en sont convaincus, c’est dans cette campagne qu’a commencé à renaitre l’Afrique du Sud, leur Afrique du Sud.
Down memory lane
Mon père travaillait sur des chantiers internationaux, après la Nouvelle-Calédonie la famille se déplaça au Mozambique, puis en Grèce, en Iran et finalement en Afrique du Sud de 1979 à 1985. J’ai donc vécu de 5 à 11 ans au Cap.
Les zones réservées aux blancs, les villes qui se vident de ses employés noirs, métis ou indiens dès la fin du jour, les panneaux et signes discriminatoires, etc. je les ai vus, certes du bon côté. Je garde à jamais le souvenir d’une enfance faite d’insouciance et d’aventures, où cette odieuse oppression m’offrait un sentiment de liberté que je ne connaitrais que très rarement par la suite.
En 1985 nous quittions le pays pour vivre à Paris.
En 2006, l’opportunité me fut offerte d’y retourner, une semaine où tant d’émotions refirent surface et qui décida de la suite, de la nécessité d’un projet photographique, à la fois pour parcourir et évoquer sans accablement ces lieux familiers, mais aussi pour découvrir les endroits où je n’avais pu me rendre, et simplement renouer le lien.
Durant les mois de juillet et aout 2008, le grand projet se réalisa avec l’aide de la DRAC76, cette série en est extraite.